Plus de 110 familles habitent et travaillent le terrain de "El Tamarindo", près de Barranquilla, dans le département de l'Atlantico, sur la côte caraïbe. Ces familles de paysans commencèrent à s'installer il y a plus de dix ans sur cette parcelle alors inoccupée, alors qu'elles avaient subi des déplacements forcés de divers endroits de la région, à une époque où le paramilitarisme commençait à être très présent dans cette zone. Les familles sont aujourd'hui regroupées au sein de l'association Asotracampo et gèrent ensemble la vie sur le terrain, où elles pratiquent une micro-agriculture de subsistance.
El Tamarindo. Photo : Ceiba |
Depuis 2008, après presque 10 ans de tranquillité, une dizaine de personnes, toutes bien en vue à Barranquilla, se sont manifestées comme propriétaires de ce terrain qui jusqu’à présent n’en connaissait aucun. Coïncidence, il se trouve qu’en ce moment, de l’autre côté de la route, la Zona Franca (zone franche) de l’Atlantico est en construction, et que pour relier directement le port de Barranquilla, le plus important de la région caraïbe, à la zone franche, il serait pratique de traverser le terrain du Tamarindo...
Réunion des habitants d'El Tamarindo. Photo : Ceiba |
Depuis la connaissance de ce projet de zone franche en 2008, le harcèlement est permanent. Régulièrement, les membres de la communauté sont menacés, leurs cultures et leurs maisons détruites, les animaux tués… Plusieurs personnes menacées de mort ont dû fuir le terrain. Parfois, les « propriétaires » demandent l’aide de la police pour déloger les habitants. Ainsi, des entreprises de démolition ont plusieurs fois détruit des cultures et des maisons sous la protection de la police sans qu’une décision de justice soit vérifiable. Dernièrement, le 26 avril 2011, 7 familles ont été ainsi attaquées par des entreprises par ailleurs sous enquête dans le cadre de procédures en lien avec le paramilitarisme. Cette dernière année la police est intervenue 20 fois pour essayer de déloger les paysans. Depuis quelques mois, un des “propriétaires” a mis le terrain sous la vigilance d’une entreprise de surveillance privée, la "911", dont la licence de surveillance est périmée et dont la présidente Emilse Lopez, alias “La Gata”, est condamnée à la prison à domicile dans le cadre de procès en lien avec l’activité des paramilitaires.
Dans la vidéo qui suit, les paysans du Tamarindo et des membres du Comité de Solidarité avec les Prisonniers Politiques (CSPP) expliquent (en espagnol) la situation :
À venir sur le blog, une analyse plus complète de l'évolution de la situation politique dans la région de Barranquilla depuis le début du siècle et l'arrivée conséquente du paramilitarisme.
Membre d'Amnesty je participe depuis plusieurs années au soutien à la communauté paysanne de San Jose de Apartado (site internet)qui connait une situation similaire à celle de El Tamarindo . Pire peut être . Et qui lutte depuis une 15ne d'années entre les Farc et l'armée + les paramilitaires. Officiellement il n'y a plus de paramilitaires en Colombie ! Y a t il des liens entre toutes ces luttes ? Pour nous c'est affligeant de voir que la situation ne change pas et que la violence empire . Que faire? Odile Simon
RépondreSupprimerBonjour Odile, et merci pour votre commentaire. J'ai également effectué un reportage à San José de Apartado, une communauté qui souffre effectivement d'une répression terrible, qui a fait des centaines de victimes depuis une vingtaine d'années. Ce reportage, que je mettrai prochainement en ligne ici, a été l'un des plus marquants qu'il m'ait été donné de vivre depuis que je travaille dans ce pays. L'image de Natalia, une petite fille de 5 ans massacrée avec sa famille par des soldats de l'armée régulière colombienne accompagnés de paramilitaires d'extrême-droite, m'a longtemps tourmenté et continuera éternellement de vivre dans ma mémoire.
RépondreSupprimerLocombia
Emporté par les souvenirs, j'ai négligé de répondre aux questions contenues dans votre commentaire. Pour ce qui est de la démobilisation supposée des paramilitaires (aujourd'hui officiellement dénommés BaCrim, comme Bandes Criminelles, ce qui rend moins visible leur lien organique avec les forces armées...), il faudrait aussi rédiger un papier, mais il y en a tant à écrire dans ce pays... Pour ce qui est des liens entre ces luttes, il existe plus ou moins, à trevers les différentes ONG nationales et internationales de Défense des Droits de l'Homme qui travaillent ici sur le terrain, et qui suivent de nombreux cas, aidant parfois à la convergences entre les processus sociaux. Je vous invite en particulier à cnsulter le site de la Red de Hermandad (voir dans la liste à gauche), et à vous abonner à leur newsletter qui regroupe les communiqués de plusieurs de ces ONG.
RépondreSupprimerQuand à votre dernière question, que faire ?, j'avoue donner ma langue au chat et me cantonner à diffuser des informations pas assez connues afin de donner à chacun les meilleurs outils possibles pour se faire son idée sur la situation et en tirer les conséquences que sa conscience lui dicte...