dimanche 26 juin 2011

La Gay Pride 2011 à Bogotá

Comme chaque année, plusieurs dizaines de milliers de manifestants ont défilé aujourd'hui à Bogotá à l'occasion de la Marcha del Orgullo Gay, la Gay Pride.

Bogotá, le 26 juin 2011. Participants à la Gay Pride. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Plus de 40.000 personnes ont parcouru la Carrera Septima, une des principales artères de la capitale colombienne. Lesbiennes, gays, bisexuel(le)s, et transsexuel(le)s, mais aussi de très nombreux hétéros, venus soutenir les libertés sexuelles ou parfois en curieux, se pressant autour des trans les plus exubérant(e)s pour les photographier avec leurs téléphones portables, mais aussi souvent pour se faire prendre en photo avec.

Bogotá, le 26 juin 2011. Un nombreux public est venu assister au défilé de la Gay Pride. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Certaines mères de famille envoyaient même leurs enfants poser avec des travestis à moitié nus, voire tenir l'énorme sexe factice d'un manifestant déguisé en extraterrestre lubrique...

Bogotá, le 26 juin 2011. Des enfants posent pour leur maman avec un participant à la Gay Pride. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Au delà du spectacle, la marche d'aujourd'hui était principalement orientée vers la réclamation de la reconnaissance légale du mariage gay, après son approbation hier par le Sénat de New-York.

Bogotá, le 26 juin 2011. Participants à  la Gay Pride.
Photo : D. Fellous/Libre arbitre
En effet, si les unions civiles homosexuelles sont reconnues en Colombie, comme en France mariage et adoptions restent réservés aux couples hétérosexuels (ou aux célibataires et veufs/veuves, pour ce qui est de l'adoption, rendant peu compréhensible l'argument avancé par certains opposants à l'adoption par des couples homosexuels de la nécessité pour l'équilibre psychologique de l'enfant d'avoir un père et une mère).  Cependant  les jugements successifs rendus ces dernières années par la Cour Constitutionnelle et qui accordent progressivement aux minorités sexuelles l'égalité des droits sur plusieurs points, comme par exemple l'affiliation par le conjoint à la Sécurité sociale, permettent d'être optimistes sur l'évolution de ces revendications dans un futur proche, malgré l'influence que conserve l'Église catholique dans ce pays très religieux (même si la Colombie est officiellement un État laïc) et l'opposition hargneuse de la droite catholique à ce type d'évolutions sociétales.

Il est toutefois à noter que certains groupes évangéliques, tels que l'Église Casa Abba Padre, affirment leur ouverture à la communauté LGBTI+H, en distribuant un fasicule intitulé : "Qu'a dit Jésus à propos de l'homosexualité ?.... Rien ! " et en rappelant que ce mot n'est apparu qu'en 1869, et que les passages de la Bible utilisés pour condamner l'homosexualité sont des interprétations erronées de condamnations de l'idolatrie, de l'hérésie, ou d'actes considérés impurs comme la prostitution, mais que par exemple il n'y a pas de mot désignant la sodomie en hébreu, donc que l'Ancien Testament ne peut par conséquent pas l'interdire.

Sous des pancartes célébrant les "Familles de mille couleurs", les couples se faisaient photographier en habit de mariage avec un phylactère de carton proclamant "Ma famille est légitime, et je la veux légale", ou bien "Nous trouverons le moyen, et sinon, nous le créerons".
 
Bogotá, le 26 juin 2011. "Ici, oui il y une famille. Nous trouverons un chemin, et sinon nous le créerons". Photo : D. Fellous/Libre arbitre


Bogotá, le 26 juin 2011. "Folle", "Gouine" disent les étiquettes portées
par  ces participants à la Gay Pride. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Autre leitmotiv de la journée, les slogans contre le procureur Alejandro Ordóñez, fervent adversaire de l'adoption par les couples homosexuels, mais aussi de l'avortement, et en général des droits des minorités sexuelles, dont il avait qualifié les pratiques de "conduites contraires au Droit Naturel comme au Droit Divin" dans un livre publié en 2003. Il y a peu, après ses virulentes critiques de décisions de la Cour Constitutionnelle autorisant l'avortement dans quelques circonstances (très restreintes : viol, etc..) ou accordant de nouveaux droits aux couples de même sexe, un avocat avait du lui rappeler ses cours de Droit "La loi sur les droits des femmes n'est pas celle que vous voulez, c'est ce que la loi dit (...) Si la Constitution ne vous plaît pas, il y a une solution, vous pouvez démissionner".
 

Bogotá, le 26 juin 2011. Participants à la Gay Pride. Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Entre les cortèges des diverses associations LGBTI, on a pu noter la présence remarquée du Sénateur du Polo Democratico Alternativo (Gauche plurielle) et ex-candidat à l'élection présidentielle Gustavo Petro, venu appuyer les revendications des minorités sexuelles et aussi récolter quelques signatures pour se lancer dans la course à la mairie de Bogotá.

Bogotá, le 26 juin 2011. Le sénateur Gustavo Petro (à gauche) sur la place Bolivar en appui à la Gay Pride.
Photo : D. Fellous/Libre arbitre

Une mairie qui était également présente lors du défilé, à travers le programme Bogotá Positiva, et la campagne "Politique Publique pour la Pleine Garantie des Droits des Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres", destiné à combattre les discriminations institutionnelles.

Employés du programme "Bogotá Positive" de la mairie pendant la Gay Pride avec une banderole "À Bogotá, on peut être transgenre".
Photo : D. Fellous/Libre arbitre


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